Banalisée, la consommation de contenu pornographique se fait de plus en plus tôt, de plus en plus régulièrement... et de plus en plus néfaste !
La consommation de contenu pornographique nécessite, selon toute logique, d'avoir atteint un âge "de raison". Pourtant, ces dernières années, le premier contact avec un contenu à caractère pornographique tend à intervenir de plus en plus tôt.
Selon une étude récente, la quasi-totalité des jeunes de 12 ans a déjà été exposée à la pornographie. L'âge moyen de première exposition se situerait même à 11 ans, et jusqu'à 8 ans pour les plus jeunes.
Vous vous souvenez ce que vous faisiez à 12, 11 et 8 ans ? Vous vous souvenez de ce que vous étiez, pensiez et de la vulnérabilité de votre esprit ? De votre niveau de compréhension des images auxquelles vous étiez confronté ? Imaginez donc ce que peut faire le porno sur l'esprit d'un enfant, voire d'un pré-adolescent... Les images avec lesquelles ils se construisent sont dans un premier temps choquantes, puis ils s'y habituent et consomment à l'excès, jusqu'à ne plus faire la différence entre la sexualité "normale" et la fiction.
Au-delà de cette problématique, les jeunes exposés à ce genre de contenu vont adopter des comportements dangereux, les exposants plus facilement à des prédateurs.
Comment en est-on arrivés à cette situation dramatique ? La réponse n'est pas bien difficile à avoir... Smartphones, tablettes, internet à disposition sans limite et sans surveillance ! On a perdu le contrôle sur ce que consultent les enfants. Même avec des mesures de "contrôle parental" ou des restrictions, aucun parent n'est à l'abri d'un camarade de classe qui aura la bonne idée de partager ses trouvailles...
En 2018, 21% des 14-21 ans déclaraient consommer des contenus pour adultes au moins une fois par semaine (avec une proportion plus élevées chez les garçons, qui étaient 33% à déclarer être consommateurs hebdomadaires). Pire encore, ce sont 9% qui déclarent en consommer quotidiennement, et 5% plusieurs fois par jour !
Consommer des contenus pornographiques plusieurs fois par jour... Si l'on est pas ici face à une addiction, qu'est-ce ? On préférera rester enfermé dans sa chambre à se faire plaisir plutôt que de sortir, se sociabiliser, rencontrer de vrais petits copains et petites copines.
On estimait en 2019 que 6% de la population mondiale était concernée par une addiction à la pornographie. Pourtant, pour beaucoup, ceci est encore un "non sujet". Après tout, un contenu produit légalement, avec toutes les parties prenantes consentantes (c'est quand même bien le minimum !!!!) - quel mal cela pourrait-il engendrer ? Dans la société du "chacun son problème", on perd vite de vue les véritables enjeux derrière cette addiction.
C'est la principale conséquence, admise même par les défenseurs de la pornographie.
Un film pour adultes, ce n'est pas une représentation fidèle des rapports intimes. Que ce soit les physiques parfaits, les performances hors du commun, le surjeu des acteurs... Les jeunes qui se construisent avec la pornographie vont être confrontés à de nouvelles angoisses :
Une image de soi (et de l'autre) dévalorisée : un corps humain qui ressemble à un vrai corps humain, ce n'est pas ce qui est représentée de manière générale dans la pornographie ! On verra des jeunes filles et jeunes garçons incapables d'apprécier leur propre corps parce qu'il aura un peu trop de poils, un peu trop de ventre, pas assez de muscle, un sexe trop petit, trop tordu, des lèvres qui tombent... La diversité des corps n'étant pas partie intégrante de leur quotidien, ils se feront du mal en se comparant et feront du mal à leurs partenaires en se montrant "déçus" de ce qu'ils ont sous les yeux.
Un comportement intime faussé : évidemment, un rapport doit durer des heures, dans 15 positions différentes, avec des signes de plaisir ultra-poussés à en réveiller les voisins... Alors, les jeunes se calqueront sur ce qu'on leur montre comme "normal" dans les contenus pour adultes et ne parviendront plus à profiter d'un rapport intime normal, sans se forcer. Ils ne se soucieront plus de leur plaisir et de celui de leur partenaire. Ils tenteront uniquement de reproduire ce qu'ils pensent être le rapport sexuel "type" et peineront, logiquement, à trouver une véritable harmonie. Vicieusement, cela les laissant peu satisfaits des rapports réels, ils se tourneront de nouveau vers la pornographie pour être épanouis...
L'adolescence et les années de jeunes adultes sont des périodes d'angoisses, de découvertes bouleversantes, et d'une construction cruciale ! L'effet de la pornographie est désastreux et peut impacter la vie d'adulte sur le long terme.
Autre véritable source d'inquiétude : la banalisation de pratiques qui les mettront en danger.
Il ne faut jamais oublier qu'un contenu pornographique est une mise en scène ! Seulement, lorsque l'on a connu que cela et que l'on s'est construit avec, on ne voit pas forcément les ficelles.
La gestion du consentement : avez-vous déjà vu un acteur recueillir le consentement de sa partenaire ? En revanche, les rapports "par surprise", pendant le sommeil ou pendant que l'un des partenaires ne peut pas exprimer son désaccord sont légion ! C'est extrêmement inquiétant si l'on décide de reproduire ces mises en scène qui sont, ni plus ni moins, des situations d'agression sexuelle.
La préparation au rapport : pourquoi s'enquiquiner avec des préliminaires ? On oublie totalement le besoin d'une préparation à un rapport sexuel. C'est un moment exigeant pour le corps. L'absence de préparation, et notamment de lubrification, peut causer de véritables problèmes d'incofort, d'absence de plaisir, de traumatisme et même, dans certains cas, de problèmes de santé. Ne parlons même pas de l'absence TOTALE de préservatif, même avec des partenaires multiples et inconnus !!!
Situations, pratiques et objets : c'est la foire à la mise en danger ! Plus les situations sont "loufoques", plus elles sont visionnées. En extérieur, dans des lieux publics : les problèmes d'hygiène, de sécurité et de légalité sont totalement éludés. Dans des positions étonnantes et par des orifices peu communs : aucune mention de la préparation nécessaire et des risques pour le corps. Avec des objets : des fruits, des légumes, des objets du quotidien qui ont été manipulés et non nettoyés - magnifique porte ouverte aux infections !
Les jeunes qui se construisent avec la pornographie, et surtout s'ils n'ont jamais eu d'éducation à ces sujets par leurs parents, tenteront naturellement de reproduire et de performer comme leurs acteurs préférés. Ils se mettront en danger sans le savoir, puisqu'aucun message de prévention n'est prévu avec ce genre de contenus !
Les dangers de l'addiction à la pornographie ne concernent pas uniquement les adolescents. Les jeunes adultes, hommes en particulier, auront toutes les peines du monde à ce sortir de cette habitude. C'est le principe même d'une addiction.
Comme nous l'avons vu plus haut, la pornographie contribue à la construction d'une image faussée de la sexualité, et donc de frustrations une fois la vie sexuelle "réelle" arrivée. On n'est pas satisfait de soi, de son partenaire, de ses performances, de ses pratiques... Et on se tourne une fois de plus vers la pornographie pour combler ses frustrations !
Ce que cela va causer :
se désintéresser de son ou sa partenaire,
se créer un "jardin secret" qui tient à l'écart son ou sa partenaire,
continuer de comparer sa vie sexuelle effective et ses fantasmes,
rendre plus difficile la communication de ses désirs à son ou sa partenaire,
réduire la fréquence des rapports...
Le tout menant inexorablement à des souffrances, des non-dits et un déséquilibre malheureux du couple qui ira, dans certains cas, jusqu'à la séparation.
C'est aujourd'hui "honteux" de dire que l'on ne souhaite pas que son partenaire regarde du contenu pornographique. Pourtant, un tiers des femmes ressent cela comme une forme d'infidélité. Bien sûr, on aura vite fait de classer ces femmes dans la catégories "folles jalouses", mais si l'on prend un instant pour réfléchir, cela implique tout de même :
désirer une personne autre que son conjoint / sa conjointe,
voir nue une personne autre que son conjoint / sa conjointe,
avoir un rapport sexuel (même si c'est seul) avec l'image de cette autre personne en tête,
user un peu de sa "réserve" de libido pour quelqu'un d'autre que son conjoint / sa conjointe.
Il n'y a rien de honteux à dire que l'on ne souhaite pas que son conjoint ou sa conjointe consomme de contenu pornographique ! On peut être mal à l'aise rien qu'à l'idée d'être comparé dans son physique et ses performances à un acteur que l'autre fantasmera...
En fait, il y a pour moi quelque chose d'assez simple. Je ne fais jamais rien que je ne serais pas capable de raconter volontairement à mon conjoint sans gêne ni culpabilité.
Quand on ne fait "rien de mal", on n'a pas besoin de se cacher. Si vous devez rester secret sur une pratique, c'est qu'elle serait douloureuse à entendre pour votre moitié. Si elle est douloureuse à entendre pour votre moitié, c'est que vous ne devriez pas vous y adonner.
Au-delà de l'aspect moral de la pornographie et, plus largement, de la masturbation lorsque l'on est en couple, il y a un aspect purement physiologique à prendre en compte.
L'éjaculation fréquente est importante pour la santé de l'homme, réduisant semble-t-il le risque de certains cancers, certes. Mais il y a "fréquente" et "fréquente". Il ne faut pas oublier que la quantité et la qualité du sperme diminue en cas d'éjaculations TROP fréquentes.
Si vous désirez avoir un enfant, il est plus que conseillé de réserver votre précieuse semence à votre moitié.
Et puis, si vous croyez qu'elle ne s'en rend pas compte quand la quantité baisse, sachez qu'elle est simplement trop polie pour vous le faire remarquer...
C'est là l'étape principale et essentielle ! Il faut :
revenir à un âge de première exposition bien plus tardif,
éduquer les jeunes exposés en leur expliquant ce qu'est réellement la sexualité,
expliquer l'importance d'une consommation raisonnée et limitée !
Le but n'est pas d'interdire. Interdire est toujours contre-productif.
Il faut expliquer à ses enfants que le porno n'est pas la vie réelle, que le porno ne doit pas prendre trop d'importance dans leur vie, que leur future vie sexuelle sera différente, mais bien plus épanouissante... Et leur rappeler, surtout, le sens de CONSENTEMENT et PROTECTION !
Il ne faut pas avoir peur de parler de cela avec les jeunes. Si vous ne le faites pas, d'autres le feront pour eux.
L'accès à du contenu pour adulte se fera, quoi que vous tentiez de faire. Votre rôle est de retarder cette exposition, préparer cette exposition et raisonner cette exposition.
Ici, c'est plus compliqué. On parle d'une addiction, et aucune addiction n'est abandonnée avec facilité. D'autant plus lorsqu'il s'agit d'un sujet tabou et honteux comme celui de la pornographie et de la masturbation.
C'est d'abord à l'adulte lui-même de prendre conscience de son problème. Si vous vous demandez si vous souffrez d'addiction à la pornographie, c'est que vous souffrez probablement d'une addiction à la pornographie...
Pour une personne célibataire, une consommation modérée est compréhensible. Mais gardez toujours à l'esprit que ce n'est qu'un substitut qui vous aide à "vider" ce qu'il y a à "vider". Ce n'est pas votre sexualité, c'est une simple image qui vous donne un petit coup de main. Vous ne voulez pas de cette sexualité dépeinte. Vous voulez une sexualité saine et qui se fait dans la communication, le respect, le plaisir partagé.
Si vous êtes en couple, comprenez que cette consommation finira par vous poser problème, même si vous pensez le contraire... Avoir une sexualité épanouie est le ciment de votre couple. C'est votre partenaire qui nécessite toute votre attention et tout votre désir. Communiquez, échangez, partagez ! Apprenez à apprécier ce que vous avez, car c'est tout ce que vous avez de VRAI et donc de précieux.
Si vous pensez que votre partenaire souffre d'une addiction à la pornographie, ou si vous êtes simplement dérangé par le fait qu'il consomme de la pornographie : abordez le sujet ! Ne ruminez pas cela dans votre coin. Exprimez vos inquiétudes et vos besoins. Gardez l'esprit ouvert pour comprendre que votre moitié s'est construit avec cela, et que c'est probablement difficile pour lui / elle de s'en détacher. Vous pouvez également parler de votre vie sexuelle et des façons dont la faire évoluer pourrait vous aider l'un et l'autre.
Si vos besoins en termes de fréquence de rapports sont différents, par exemple, il y a toujours des solutions autres que le porno. N'hésitez pas à consulter notre article sur La Vie sexuelle de la Trad Wife pour apprendre à gerer cette partie de votre vie de couple.
Nous avons parlé de contenu pornographique, mais nous sommes sincèrement persuadés que ce n'est pas l'unique problème. Aujourd'hui, même sans consulter de sites pour adultes ou sans chercher volontairement de contenu à caractère sexuel, on tombe ce que nous qualifions de "pornographie dissimulée". Et, comme d'habitude, les réseaux sociaux sont dans notre viseur !
Pour tout et n'importe quoi, vous êtes confrontés à des images destinées à attiser votre désir. Influenceuses en petite tenue, candidats de télé-réalité toujours hypersexualisés, et plus récemment du contenu IA avec des personnages étonnamment "sexy". Les sources de tentation sont nombreuses pour essayer de vous détourner du seul véritable objet légitime de votre désir : votre moitié.
Ne tombez pas dans leur piège. Si vous tombez sur du contenu dont vous remarquez qu'il essaye de vous appâter par la libido, la plupart des plateformes vous proposeront de cocher "Voir moins de contenu de ce type" (alors que si vous avez le malheur de passer un peu de temps dessus, vous n'aurez plus que ça...).
Je répète ma règle d'or : Je ne fais jamais rien que je ne serais pas capable de raconter spontanément à mon conjoint sans gêne ni culpabilité.
Image de couverture de l'article : Photo de charlesdeluvio sur Unsplash