En tant que Trad Wives françaises, nous sommes bien souvent obligées de chercher du côté des Etats-Unis pour trouver nos modèles... Avec tous les risques que cela comporte.
Rappelons pour commencer que La Vie Secrète des Epouses Mormones (disponible sur Disney+) est une émission de téléréalité, qui suit un groupe d'influenceuses. On en a déjà dit beaucoup sur le niveau de crédibilité. Alors pourquoi choisir d'évoquer le sujet ?
Focus sur le profil des épouses de l'émission. Toutes influenceuses, elles ont créé un mouvement sur les réseaux sociaux, et TikTok en particulier : #MomTok. Censé présenter leur vie de tradwives et rétablir des vérités sur la vie de maman mormones, l'émission consiste plutôt (comme toute téléréalité) à mettre en scène les frasques et dramas de ces jeunes femmes.
Tout est dit dès le lancement du premier épisode. L'une des épouses a causé un véritable tremblement de terre dans la communauté en dévoilant dans une vidéos les tendances échangistes de certains couples. Ça commence bien mal... Attention, on nous précise qu'il s'agit d'échangisme "léger" (comprendre sans pénétration). Malgré tout, on comprend vite que ces tradwives ont des pratiques bien éloignées de ce que l'on pourrait atteindre d'épouses traditionnelles et pieuses.
Si les Etats-Unis sont souvent notre point de repère, c'est que la présence saine de la religion nous semble un terrain propice à la vie de Trad Wife. Malgré tout, nous rappelons que la religion n'est pas un prérequis à la vie de Trad Wife.
Si nous déplorons le format et le contenu de l'émission, elle nous semble un bon point de départ pour tirer des leçons de ce qu'il faut faire et ne surtout pas faire !
Vous voulez lire directement nos conclusions sur les questions soulevées par l'émission et les enseignements à en tirer, RDV un peu plus bas dans la section "Quels enseignements tirer de La Vie Secrète des Epouses Mormones ?"
ATTENTION, SPOILERS !
Taylor : la raison d'être de l'émission
Taylor est une jeune femme fascinante, tant en bien qu'en mal. C'est elle qui est à l'origine du scandale de l'échangisme dans les couples mormons. Elle a des problèmes d'alcool, de violence, de sérieux soucis dans la gestion de sa vie amoureuse... mais on ne peut s'empêcher de s'attacher à elle.
C'est une femme normale, en qui l'on peut plus ou moins toutes se reconnaître. Quelques mauvais choix, des moments difficiles, et très vite elle glisse dans des comportements malheureux. Malgré tout, on sent chez elle un désir profond de renouer avec un mode de vie plus traditionnel et un attachement tout particulier à la notion de famille.
Demi & Jessi : les jumelles maléfiques
Première mission : les différencier !
Ces petites boules de botox sont, certes, très jolies, mais elles sont le gros point noir de l'émission en ce qui concerne le côté "trad wives" et même le côté mormones !
C'est d'ailleurs un sujet de discorde constant avec une partie des épouses de l'émission. Alcool, sexe, drama... Elles sont à l'origine de la plupart des disputes et elles sont loin, même très loin, de pouvoir servir de modèle.
NB : elles ne sont pas réellement sœur ! Elles ont probablement le même chirurgien...
Whitney, Jen et Mikayla : les (presque) vraies tradwives
Ces trois-là ont le mérite d'essayer ! Fidèles à leur foi et à leurs principes, elles passent une grande partie de leur temps à devoir composer avec leurs amies intenables...
Pour Whitney, c'est un combat de tous les jours. Après l'affaire Taylor, ce sont les jumelles maléfiques Demi et Jessi qui s'en prennent à elle et parviennent à monter le reste du groupe contre elle !
Quant à cette pauvre Jen, elle mène une vie tiraillée entre son époux (très traditionnel) et ses copines (très peu).
Mayci : notre chouchoute
Si tant est que l'on puisse trouver un modèle parmi les mormones de l'émission, ce serait Mayci.
Non, elle n'est pas parfaite. Ce n'est ni la plus pieuse, ni la plus naturelle.
Mais c'est la seule qui, pour nous, a compris comment trouver sa place dans ce groupe explosif. Elle est là pour les autres, elle essaye de comprendre sans juger, elle n'abandonne personne. Et malgré tous ces efforts dans la vie sociale, elle trouve le temps pour être une bonne épouse et une bonne mère.
Les plus attentives auront remarqué que ça ne fait que 7... Mais on ne savait pas trop quoi dire sur la petite dernière, Layla.
L'Amérique. Le rêve de nombreuses tradwives à travers le monde. On y pourrait, dit-on, vivre sa vie d'épouse traditionnelle sans complexe. Les religions y sont plus libres. Les formats de foyers y sont plus nombreux.
OUI MAIS.
Dans ce genre d'émission, c'est toujours la même histoire. On se cache sous des grands airs et des grands principes pour mieux s'adonner aux plaisirs coupables dans l'intimité. Attention, on ne dit pas que le plaisir est à condamner, ni que l'on doit tous être parfaits jusqu'au moindre détail de nos vies intimes. Seulement, le cadre religieux glorifiant l'âme de personnes qui ne vivent que pour l'image, le sexe et l'argent nous semble d'une hypocrisie bien typique du pays de l'Oncle Sam.
Sous leurs costumes de saintes-nitouches, les épouses mormones du programme sont simplement des Kardashians réinventées, qui n'apportent comme modèles aux jeunes américaines qu'une nouvelle fournée d'influenceuses sans aucune profondeur.
C'est la première chose que l'on remarque, à peine le bouton "play" appuyé.
Longues chevelures soyeuses. Dents blanches presque phosphorescentes. Maquillage outrancier dès le réveil. Lèvres gonflées par les injections. Traits tirés de botox. Et pourtant, elles le répètent : leur religion n'autorise pas ce genre d'excès !
Mais comment faire une bonne émission de téléréalité sans faire de ses protagonistes des bimbos formatées au physique impeccable ? C'est bien dommage. Nous aurions souhaité que l'on puisse rappeler aux femmes que le naturel est le plus beau des apparats.
Bien entendu, on nous colle entre deux séquences les petites vidéos postées par les épouses sur les réseaux sociaux. On ajoute à la couche de peinture un filtre qui rend la vie un peu plus lisse. Difficile après cela de convaincre que les tradwives ne sont pas des potiches sans personnalité.
Au-delà de l'image que ces femmes ont d'elles-mêmes, et de celle qu'elles renvoient à celles qui les regardent, il y a le regard qu'elles posent sur celles qui devraient être leurs amies. Celle qui devient la plus naturelle par la force des choses, Taylor, est qualifiée de "White trash" (l'équivalent de notre cas social bien français). Seule Mikayla et ses problèmes de peau échappent au dictat, bien qu'on appuie sur le bouton "maladie grave" pour pouvoir excuser son visage imparfait.
La goutte d'eau pour nous arrive sur les tous derniers épisodes.
Embarquées dans une folle soirée à Las Vegas par Jessi, dont les intentions ne sont très certainement pas innocentes, le groupe de filles se retrouve dans une soirée Chippendales. Jessi aura bien sûr pris soin de dégoter des pass VIP, offrant à ses amies la possibilité de rencontrer les danseurs dans les coulisses et même d'oindre leurs torses avant le show.
Rien de bien choquant pour le commun des mortels.
Seulement, une jeune femme en particulier se sent très très mal à l'aise. Il s'agit de Jen, la plus trad des tradwives, et la plus mormone des mormones. D'abord, elle sait que cette petite activité ne plaira pas à son époux. Aussi, elle estime que ce n'est pas quelque chose qu'autoriserait sa religion.
Et là, c'est le drame. Entre les réactions particulièrement exagérées de son époux et les incertitudes parfaitement hypocrites de ses amies, cette pauvre fille se retrouve en larmes et proche du divorce.
C'est bien là que nous avons tiré un trait sur l'espoir de voir de véritables tradwives à l'écran.
Pour commencer, le fait d'huiler le torse d'hommes à moitié nus qui ne sont pas nos époux nous semble tout à fait contraire aux principes que nous défendons. Accepterions-nous sans sourciller de nos époux qu'ils enduisent les poitrines généreuses de gogo-danceuses ? Est-il donc hallucinant que Jen et son époux ne soient pas à l'aise avec cette idée ?
Bien entendu, Demi et Jessi sont les premières à déplorer l'attitude "misogyne" de l'époux.
Misogyne, masculiniste, macho... Des mots dévoyés que l'on ne supporte plus tant on les lit dans des contextes qui ne s'y prêtent pas. On se bat au quotidien pour que nos époux ne soient pas taxés de misogyne simplement pour NOTRE choix d'être des tradwives. Ce genre d'émission devrait utiliser les mots avec parcimonie.
Que l'on décide que c'est quelque chose d'acceptable pour son couple : pas de souci ! Mais que l'on ne comprenne pas que certains ne soient pas dans cet état d'esprit est véritablement déplorable. D'autant plus venant d'épouses qui se disent traditionnelles et pieuses.
Concernant l'excessivité de l'époux, il faut admettre que la menace de divorce ne nous a pas plus du tout.
Avoir des principes, ça va dans les deux sens ! Si mon époux attend de moi que je lui sois loyale, il doit en retour se montrer suffisamment confiant pour ne pas risquer de tout gâcher à la moindre contrariété.
Les Trad Wives sont généralement celles qui déplorent le plus la facilité avec laquelle les couples se font et se défont. Elles sont celles qui encouragent le mariage et l'engagement éternel. Comment accepter que l'époux accorde aussi peu d'importance à cet engagement ?
Notons tout de même un détail : cet époux subit au quotidien les frasques d'un groupe d'influenceuses dévergondées qui entraînent son épouse idéale dans des histoires rocambolesques et potentiellement dangereuses. Il subit l'omniprésence des caméras et des réseaux. Certes, c'est ce qui amène l'argent dans son foyer. Mais il a parfaitement le droit d'être excédé par ce mode de vie qui ne correspond pas à l'image qu'il avait de son couple.